Handball féminin nantais : comment le Nantes Loire Handball veut relancer la flamme avant 2025-2026
Nantes Loire Handball27/08/2025 10:52 - Ludo Bonnet
Dans la métropole nantaise, le handball féminin refuse de disparaître. Nouvelle appellation, double présidence et mobilisation régionale : reportage au cœur d’un chantier sportif qui joue la montre pour sauver 260 licences et un héritage.
Une renaissance sous pression
À Mangin-Beaulieu, les filets n’avaient pas encore été rangés que le verdict tombait : dépôt de bilan du Nantes Handball Féminin, comptes dans le rouge et rétrogradation administrative en Nationale 1. La Fédération française de handball (FFHandball) accepte alors un défi inhabituel : maintenir en vie les 260 jeunes joueuses déjà licenciées pour 2025-2026. Peu importe l’ardoise financière, l’enjeu est social et sportif : préserver une filière qui, depuis dix ans, a alimenté les pôles espoirs et fait vibrer les tribunes nantaises.
Pour y parvenir, une association provisoire s’est engouffrée dans la brèche. Enregistrée – provisoirement – sous l’ancienne raison sociale « Nantes Handball Féminin », elle adoptera d’ici peu un nom ancré dans le territoire : Nantes Loire Handball (NLH). Dans l’ombre administrative, les statuts se peaufinent, les garanties financières se bouclent : la survie dépendra d’une équation comptable tout aussi serrée que les matches à venir.
Deux président·e·s, un même objectif : sécuriser la base
Des profils complémentaires
Le futur NLH choisit la co-présidence pour rassurer les partenaires. Emmanuelle Neraudau, avocate au barreau de Nantes spécialisée en droit des étrangers, partage le fauteuil avec Loïc Geffroy, chirurgien orthopédiste apprécié des sportifs locaux. Leur point commun ? Être parents de jeunes handballeuses et refuser que les rêves de leurs filles disparaissent dans un communiqué.
Le rôle clé de la Ligue des Pays de la Loire
Pour épauler le duo, la Ligue des Pays de la Loire place deux de ses élus au rang de vice-présidents. L’instance régionale, menée par Alexis Huaulmé, assume ainsi un pilotage direct : logistique des licences, financement des déplacements, mutualisation des équipements. Officiellement, la démarche s’inscrit dans la « culture de soutien » chère à la FFHandball ; officieusement, elle vise à éviter un vide spectaculaire dans une métropole où le sport est un marqueur d’identité.
Du parquet à la paperasse : la course contre la montre de l’été
Sur le terrain, la mission a été confiée à Julien Piton, ex-coach de l’Atlantique Rezé Handball (N3M). Attendu pour s’occuper de la réserve, il hérite finalement d’une équipe première « juvénile » en N1F, renforcée par l’expertise de Laureta Ivanauskas, visage historique du centre de formation. Le duo découvre un effectif rajeuni, orphelin d’anciennes cadres parties vers la D2 ou l’étranger. Leur première sortie amicale – défaite 22-26 contre la réserve de La Roche Vendée – rappelle la dureté de la catégorie.
Pendant ce temps, la paperasse court les couloirs du gymnase : contrats bénévoles, commande express de maillots, rétroplanning des créneaux au Gymnase Pré-Gauchet (le NLH quitte Mangin-Beaulieu pour réduire les coûts). Chaque soirée d’août ressemble à un sprint administratif, rythmé par les notifications de la CNCG, la police financière du handball. Le moindre retard pourrait retarder l’homologation des licences, et donc la présence des Nantaises sur les terrains à la rentrée.
Un écosystème métropolitain appelé à la rescousse
Les clubs voisins, alliés de circonstance
La dissolution du NHF bouleverse l’équilibre local. Avec la montée de Saint-Sébastien en N1F, la Loire-Atlantique comptera deux clubs au même niveau : assez pour imaginer des derbies bouillants, mais aussi des prêts de joueuses, des échanges de séances vidéo ou de préparateurs physiques. En Vendée, La Roche-sur-Yon grimpe en D2F ; un cran plus haut, Brest reste le phare breton que l’on défiera peut-être un jour, si le NLH remonte la pyramide.
Une absorption par le HBC Nantes en 2026 ?
Dans les couloirs de la Cité des Ducs, la rumeur court : la Ligue des Pays de la Loire se serait rapprochée du HBC Nantes, mastodonte masculin, pour absorber la section féminine dès la saison 2026-2027. Gaël Pelletier, président du « H », se dit « à l’écoute », sans être demandeur. L’idée séduit les partisans d’un club omnisports capable de mutualiser billetterie, communication et mécénat. Mais elle inquiète certains puristes, qui redoutent la disparition de l’identité 100 % féminine défendue depuis la création du NHF.
Pourquoi les Nantaises et Nantais doivent-ils y croire ?
Parce que la ville a déjà prouvé qu’elle savait rebondir : du rugby féminin aux sections jeunes du FC Nantes, les crises financières n’effacent pas la passion locale. Les 260 licenciées du NLH représentent autant de familles, d’éducateurs et de bénévoles prêts à donner du temps le soir et le week-end. Ajoutez-y la dynamique métropolitaine – Nantes Métropole a débloqué une aide d’urgence – et l’exemple lyonnais souvent cité : une section féminine forte peut, demain, secourir le secteur masculin, et inversement.
Pour les supporters, le message est clair : remplir les tribunes du Pré-Gauchet, relayer les résultats sur les réseaux et soutenir les campagnes de financement participatif.
Les trois chantiers prioritaires de la saison
- Solidifier la trésorerie : audits mensuels, sponsoring ciblé PME locales, appels au mécénat via la Fondation du Sport.
- Professionnaliser la communication : storytelling commun filles/garçons, collaboration avec le HBC Nantes sur les réseaux, capsules vidéos inside.
- Valoriser la formation : mutualisation des créneaux avec le Pôle Espoirs, passerelles scolaires et universitaires pour attirer les talents des Pays de la Loire.
Ce qu’il faut retenir
À l’orée de 2025-2026, le handball féminin nantais n’est pas totalement remis à flot, mais il refuse de couler. Avec un Nantes Loire Handball en mode commando, une ligue régionale impliquée et la perspective d’une alliance avec le HBC Nantes, la balle est désormais dans le camp des supporters et des partenaires. Si la métropole joue collectif, elle pourrait bien transformer la relégation en Nationale 1 en simple étape d’un nouveau cycle vertueux.
Et lorsque retentira le premier coup de sifflet, quelque part entre le Pré-Gauchet et Saint-Sébastien, les Nantaises et Nantais sauront que derrière chaque tir à neuf mètres se cache la volonté de sauver un pan entier de leur patrimoine sportif.
Pour suivre la saison match après match, les calendriers complets sont disponibles sur le site officiel de la FFHandball, ainsi qu’un rappel des règles de la N1F :
https://www.ffhandball.fr/competitions/nationale-1.
Parce que les défis se relèvent mieux ensemble.